Voir aussi sur ce blog L'affiche rouge créée par la propagande nazie en 1944 |
Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants
Nul ne semblait vous voir français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
À la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan
Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant.
Louis Aragon, Le Roman Inachevé
Aragon a écrit ce poème à l’intention des français de 1955 qui ont tendance à oublier les sacrifices héroïques qui eurent lieu du rant la seconde guerre mondiale : « onze ans déjà que cela passe vite onze ans ». Il veut lutter contre l’oubli.
Aragon rédige ce poème à l’occasion de l’inauguration d’une rue portant le nom de « Groupe Manouchian ».
Le titre est explicite : « Strophes pour se souvenir » : le poème commémore le sacrifice des 23 Résistants du groupe Manouchian, "morts pour la France". Le but d’Aragon est de rappeler à ses contemporains que leur liberté a été chèrement acquise. Le poète nous invite donc au devoir de mémoire.
Deux strophes de ce poème s'insprire directement de la dernière lettre de Manoukian à sa femme.
Source : http://musicollege.centerblog.net
Louis ARAGON (1897 – 1982)
Poète, romancier et journaliste français. D’abord figure du mouvement surréaliste aux côtés d’André Breton, il s’engage ensuite au parti communiste à partir de 1933.
Résistant pendant la Seconde Guerre Mondiale, considérant la poésie comme un moyen de défense nationale, il est la figure même du poète engagé, mais il est aussi célèbre pour ses poèmes lyriques.
Source : http://ebookbrowse.com
Etude littéraire du poème
1- Un poème « pour se souvenir »
Principaux procédés utilisés | Effets recherchés par l’auteur |
1) La mise en scène de « l’affiche
|
- Résistance du peuple français
- La résistance du peuple se fait par
|
II) Un éloge des résistants
Principaux procédés utilisés | Effets recherchés par l’auteur |
1) Des résistants morts pour la France
| - Contre l’oubli de ces résistants + insister sur leur nombre
- Montrer que c’est une autre voix que celle d’Aragon qui s’exprime, celle
|
Source : http://www.ac-nice.fr/college-joliotcurie
Pour en savoir plus ?
Etude de l'affiche rouge, de la lettre de Manoukian et du poème d'Aragon
Analyse détaillée du poème par le CNDP
Analyse du poème (niveau lycée...)
Biographie de Michel Manouchian
Fiche pédagogique de Mme Bayarri (en PDF)